Triple A

Le ton de cet article est fortement inspiré du (des ?) personnage(s) de Mr Sylvester (qui travaille à la World Company) des Guignols de l’info.
Tous les termes « politiquement incorrects » sont donc (évidement) à prendre au second degré…



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– Allo, Bob ? C’est Bob.
– Beuhaaar !
– Oui oui, beuharh aussi… Alors on en est où par rapport à la dernière fois ? Tout se déroule comme prévu ?
– Nickel ! On s’est endettés à mort pour dégager tous les investisseurs étrangers des Stazunis, mais ça valait le coup ! On se fait des couilles en or, vive le monopole, hé hé ! Heureusement, paske faire sortir tout ce pognon pour aller investir chez les bougnoules, ça nous coûte une blinde en transferts. Mais au moins les tafioles à plumes de Rio se tiennent tranquilles…
– Bien bien bien… Coté niakoués, ça se passe comment ?
– Les bridés sont pas encore au niveau, et l’Inde frétille comme un gros poisson bien juteux qui ne demande qu’à rapporter gros.
– Aucun point noir ?
– On a pas mis autant de pression économique qu’on aurait voulu sur la Russie, mais ça ne devrait pas tarder à tomber.
– Parfait. Prochain point dans un mois ?
– OK, à dans un mois !

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– Bob ? C’est Bob.
– Beuhar…
– Ouais ! Beuhar aussi… Dis moi tout ! Mais vite, mon jet m’attend, j’ai golf à Panama dans 15.
– Et baaah… Comment dire…
– Quoi ? Des mauvaises nouvelles ? Je vais devoir revendre mon yatch ? Ah ah !
– Et bien… Pas loin…
– COMMENT CA ? On était bien partis, non ?
– TROP bien partis… On a pris la confiance, spéculé comme des gorets, ça a « bullé », et… ça a pété…
– Pété… Pété ?
– Toute la zone Euro s’est cassée la gueule…
– Meeerde… C’est trop tard pour réagir ?
– On a paré au plus pressé : On a revendu du Dow Jones pour faire rentrer du cash, mais les ruskovs et les niakoués sont arrivés en force. PUTAIN BOB ! Y’a des rouges qui spéculent sur NOS marchés ! J’suis dèg !
– Tu m’étonnes… Et ailleurs ? La Russie tient toujours du coup ?
– Hélas oui. Et c’est pas le pire ! La Chine a littéralement explosé ! On fait le maximum pour tenir nos positions en Pétrolie et dans le Pacifique, mais à mon avis, pour l’Inde c’est mort, on pourra pas lutter si on veut pouvoir rembourser nos dettes.
– Il reste un espoir, Bob ?
– Il reste TOUJOURS un espoir, Bob… Tu m’connais… Ça me fait chier d’en arriver là, mais on a peut-être encore une chance de pas finir ridicules si on tape dans ce qu’on a planqué aux Bahamas et aux Caïmans…
– Fait ce qu’il faut Bob. On a pas fait tout ça pour finir comme une vulgaire Bettencourt de seconde zone…
Incorporated boite

Incorporated est un gros jeu de capitalistes qui n’ont qu’un seul but dans la vie : avoir du pognon, plus de pognon, ENCORE PLUSSE de pognon.

On y incarne des méga-corporations, des sociétés secrètes, des lobbys, bref, des entités assez puissantes pour faire plier les marchés et les gouvernements selon nos bons vouloirs, c’est à dire, pour faire encore plus de fric.

C’est un jeu plein de cynisme sensé se dérouler dans un futur assez proche, et dont les mécaniques rappellent un peu trop le monde réel de la réalité véritable (rimèmbeur les sub-primes, rimèmbeur Tsipras, rimèmbeur la chute de l’URSS…). Mais faire mumuse avec les marchés, et ruiner des pays, c’est plus drôle dans un jeu que dans la vraie vie, non ?

C’est un jeu assez long (4h à 4 joueurs), avec quelques petites lourdeurs (un plateau annexe pour avoir une vision plus claire de qui est majoritaire dans telle ou telle industrie serait le bienvenu), mais il faut excuser, c’est la première version du premier jeu d’un auteur turc à qui son père a dit il y a moins d’un an : « Tu m’emmerdes, tu fais rien de ta vie, je t’ai pris un stand à Essen [le plus gros salon européen du jeu de société], démerde-toi, t’as 6 mois pour sortir ce proto dont tu nous gaves depuis des années. »

Il y a des enchères (montantes pour acheter, descendantes pour vendre), du « wargame » où on déplace du pognon au lieu de déplacer des armées pour capturer des industries, du hasard dans les crises (mais si l’économie était une science exacte et prévisible, ça se saurait !), des alliances contre-natures, de la gestion de petis mécanismes pour prendre un petit avantage ici ou là, bref, c’est très plaisant à jouer.

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