Katana Le panseur de ronin

Au commencement était BANG!… Euh, non, pardon, pouf, pouf, je recommence : au commencement était Wanted, renommé BANG! quelques années plus tard, comme ça, rien que pour le plaisir d’embrouiller l’esprit des joueurs. Oubliez les Stetson, les Winchester et les duels dans la grand-rue : le concept, rafraîchi mais intact, revient dans un nouvel emballage.

Je me souviens avoir déjà parlé de Wanted BANG! (grmblmbl mais qu’est-ce-qui leur est passé par le crâne ?) dans cette rubrique. C’était il y a un bail, remarquez. Depuis tout ce temps, il s’en est passé, des trucs : l’infâme monarchie néo-libérale a laissé place à l’abominable dictature rouge, Canard PC a grossi et consacré sa surcharge pondérale à la console, tandis que de son côté, le jeu de cartes d’Emiliano Sciarra a muté. L’abandon du western au profit du Japon médiéval n’est que la partie émergée de l’iceberg, car Katana est également une version plus dynamique, épurée et expéditive du jeu original.

Petit rappel pour ceux qui ne connaîtraient pas BANG! : les joueurs se voient attribuer en début de partie un rôle qui, à l’exception de celui du shérif, demeure secret et permettent de constituer trois camps : le shérif et ses adjoints, les bandits et le renégat qui est ennemi de tout le monde. Toute la saveur de l’exercice reposant sur le doute pouvant subsister, plus ou moins longtemps, sur la véritable identité de chacun. Remplacez l’homme à l’étoile par le Shogun, les adjoints par les samouraïs, les bandits par les ninjas et le renégat par le ronin, et vous obtenez Katana. Enfin, pas seulement, parce que sinon, ce serait de l’arnaque et je serais en ce moment même en train de vous communiquer l’adresse personnelle de son auteur pour faire voler quelques rotules au lieu de vous encourager à vous intéresser à son jeu.

Chi est chi

Car, voyez-vous, quelques modifications importantes ont été apportées au concept. Le système de combat est lui quasiment inchangé : la notion d’éloignement de BANG! est remplacée par celle de précision, mais dans les faits, c’est toujours l’emplacement d’un joueur par rapport à un autre autour de la table qui sert de base à la difficulté pour attaquer, elle-même modifiable par des cartes de défense (armures) et d’attaque (types d’armes, capacités spéciales…). A ceci près que les cartes d’armes sont à usage unique et servent également d’action d’attaque, ce qui rend Katana plus rapide que son aîné.

Mais le plus gros changement, c’est celui qui vient corriger le plus gros reproche que l’on pouvait faire à BANG! : le sort réservé aux joueurs morts. Considérant que les parties pouvaient durer un moment, imaginez le désœuvrement des personnes sorties de la partie dans les cinq premières minutes, contraintes de trouver un moyen de tuer le temps en attendant la revanche… Oui, c’est à toi que je pense, le renégat coupé en deux par une gatling, parti vider mon mini-bar et vomir sur mon intégrale de Gotlib. Mais aussi à toi, le bandit trop peu subtil pour survivre plus de deux tours qui s’est assit devant mon PC et m’a contraint de justifier la présence de sites nécro-zoophiles dans l’historique de mon navigateur.

Dans Katana, aucune mise au rancart : le joueur mort, ou plutôt « à terre », se relève après avoir transmis l’un de ses précieux points d’honneur à son bourreau. Tout le monde est à terre sauf un ? Partie terminée. Un joueur perd son dernier point d’honneur ? Idem. Reste à compter les points suivant un barème établi en fonction du nombre de joueurs – encore une faille de BANG! De comblée, le nombre de joueurs décidant souvent d’un avantage pour un camp ou un autre – et à se traiter de tous les noms, parce que oui, c’était évident depuis le début que machin était un salaud de ronin ou parce que cette andouille de shogun a tout fait capoter en massacrant son allié samourai à coups de naginata.

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Article original paru dans le magazine Canard PC

Référence dans les médias sur le jeu vidéo, Canard PC est le seul magazine de jeux vidéo en France à avoir plus de 10 ans d’existence sans interruption ni changement de propriétaire. Irrévérencieux, indépendant et engagé, sa ligne éditoriale n’a pas changé depuis sa fondation et il est reconnu comme une source d’information fiable et sans compromis par les joueurs comme par les professionnels du jeu vidéo.

Toutes les 2 semaines en kiosques ou en version numérique.

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