30 Carats est un petit jeu de bluff dans lequel vous incarnez des trafiquants de pierres précieuses, le but du jeu étant d’être le plus riche à la fin de la partie (ou en tout cas, celui qui a perdu moins de sous que les autres…)
La mise en place est rapide. Chaque joueur choisit une couleur parmi les six du jeu (blanc, bleu, noir, rouge, vert, violet). Ces couleurs correspondent également aux pierres précieuses qui vont être distribuées : à moins de six joueurs (le nombre de joueurs maximum), on jouera sans certaines pierres.
Ensuite, chaque joueur reçoit cinq pierres précieuses de chaque couleur, plus cinq pépites d’or. À six joueurs, chacun aura donc 35 pierres en tout : 5 blanches, 5 bleues, 5 noires, 5 rouges, 5 vertes, 5 violettes, et 5 pépites. La richesse de départ est donc identique : c’est en faisant des échanges que les joueurs vont tenter de s’enrichir au dépens de leurs adversaires. Pour dissimuler le fruit de leurs tractations, les joueurs disposent d’un paravent à leur couleur.
En effet, chaque couleur de pierre précieuse a une valeur différente, échelonnée de -30 à +30 (de 5 en 5 : -30, -25, etc. jusqu’à +30). Évidemment, pour que ce soit plus drôle, chaque joueur ne connaît que la valeur de sa propre couleur, attribuée par une carte tirée au hasard, ce qui permet à chaque partie de se renouveler. Tout le monde connaît la valeur de l’or : c’est +10, une valeur refuge sur laquelle on peut s’appuyer sans risque.
Une fois que chacun connaît la valeur de la couleur qu’il a choisie, la partie commence. Elle se déroule en trois tours, durant lesquels chaque joueur va pouvoir proposer un maximum de 5 pierres de sa main à la vente. Chaque joueur fera donc trois ventes en tout. Les ventes ne peuvent pas être faites n’importe comment : les joueurs reçoivent trois cartes et devront en choisir une à chaque tour et suivre les instructions qui y sont marquées, du type “vous n’avez pas le droit de vendre des pierres de votre couleur”, “vous devez proposer trois pierres de la même couleur”, etc.
Lorsqu’un joueur effectue une vente, il choisit des pierres de sa main et les pose au milieu de la table. Chaque joueur peut alors proposer des pierres en échange. Le vendeur choisit l’offre qui lui convient le mieux. Il peut aussi ne rien choisir du tout et repartir avec ses pierres, ou payer une certaine somme de pépites d’or pour échanger en aveugle avec la banque (cette somme est de plus en plus élevée). La banque contient également 30 pierres et 5 pépites en début de partie, mais son contenu change au fur et à mesure des échanges.
Simulons une partie, pour rire…
Vous jouez rouge. La carte que vous piochez en début de partie vous indique que le rouge vaut -20. Vous cherchez naturellement à bazarder vos rouges, histoire de récupérer quelque chose qui vaut davantage. Mais vos adversaires ne sont pas dupes : ils se rendent compte que vous passez du rouge en douce à chaque tour, et ne tardent pas à lâcher leurs pierres rouges de peur de prendre un malus proportionnel à l’empressement que vous montrez à vendre vos pierres.
Votre voisin joue bleu. Vous l’ignorez, mais le bleu vaut +20. Lui le sait, et d’ailleurs il ne propose jamais de pierres de sa couleur, et saute sur l’occasion lorsqu’on lui propose du bleu en échange d’autres pierres, quelles qu’elles soient. Bientôt, vous et les autres joueurs constatez que le bleu ne circule que très peu, alors que la table est régulièrement inondée de rouge dont personne ne veut…
Un autre voisin joue vert. Il propose systématiquement du vert dans ses échanges, faisant parfois du deux contre un. Rapidement, vous cherchez à vous débarrasser de vos pierres vertes, voyant bien que puisque le joueur vert cherche à s’en débarrasser, c’est que ça doit vraiment être mauvais ; peut-être même du -30 !
… Sauf qu’au dernier tour, le joueur en question s’arrange pour en récupérer quelques-unes. Et qu’il s’avère qu’en définitive, le vert valait +30…
C’est là le principe fondamental de 30 Carats : l’important, ce n’est pas la valeur des pierres, mais la valeur que les joueurs sont prêts à leur attribuer. Un joueur qui cherche à se débarrasser des pierres à sa couleur passera pour un escroc, tandis qu’un autre qui saute sur les pierres de sa couleur à la première occasion trahira la valeur de celles-ci.
Un bon joueur saura jouer de manière à faire croire que ses pierres valent très cher alors qu’il n’en est rien, et inversement. C’est ce qui fait tout le sel du jeu.
Naturellement, dans la mesure où il y a 13 valeurs différentes (-30, -25, etc. jusqu’à +30) et seulement six joueurs, il est parfois difficile de deviner les valeurs des autres pierres. Mais le jeu vous aide à le faire : à chaque tour, une carte de valeur non distribuée est révélée (on sait donc à ce moment-là qu’aucune pierre ne peut avoir cette valeur) et en fin de partie, vous pouvez dépenser de l’or pour consulter la carte de valeur d’un adversaire. Vous pouvez le faire dès le début de la partie d’ailleurs, mais cela coûte bien plus cher, et est rarement rentable.
Après trois tours de jeu, les valeurs des pierres sont révélées et chacun fait ses calculs. 3 pierres rouges de -20 rapportent -60, 2 pierres bleues de +20 rapportent 40, etc.
Le joueur le plus riche gagne la partie !