Airlines Europe est un jeu d’Alan R. Moon directement inspiré de ses ancêtres Airlines et Union Pacific. Vous jouez le rôle d’un riche actionnaire qui n’a rien de mieux à faire de son argent que de l’investir dans les compagnies aériennes qui sillonnent l’Europe, dans l’espoir de toucher de beaux dividendes quand arrivera l’évaluation de l’année. Au fil de la partie, vous allez donc dépenser votre argent pour étendre le réseau des compagnies aériennes qui vous intéressent, sachant que plus le réseau d’une compagnie est étendu, plus ses actions rapportent. Évidemment, à la fin de la partie, le plus riche l’emporte.
Comme à Imperial, il faut toujours garder à l’esprit que dans Airlines Europe, vous ne jouez pas une compagnie aérienne donnée, mais bien un investisseur qui va mettre ses sous dans plusieurs compagnies.
En cas d’urgence, les sorties se trouvent à l’avant, à l’arrière et sur les côtés de l’appareil
Le plateau de jeu représente l’Europe et ses grandes villes, chaque compagnie aérienne disposant de son « aéroport d’attache » dans une d’entre elles. Au fur et à mesure de la partie, vous allez déposer des petits navions sur le plateau pour étendre le réseau de telle ou telle compagnie. Chaque avion symbolise une nouvelle liaison ouverte par la compagnie concernée : par exemple, poser un avion rouge entre Paris et Londres indiquera que la compagnie rouge ouvre une nouvelle liaison entre ces deux villes. Plus une compagnie s’étend, plus elle prend de la valeur en bourse. L’évolution de chaque compagnie est marquée en temps réel sur le côté du plateau, sur un compteur spécifique.
On place près du plateau de jeu, face cachée, la pile d’actions qui représentent les actions des compagnies aériennes en jeu. Les 5 premières cartes de la pile sont dévoilées et placées à portée de main des joueurs.
Merci d’avoir choisi Days of Flying Wonders
Au début de la partie, les joueurs reçoivent 8 millions et une main d’actions constitué de 8 actions prises au hasard (on se retrouve donc souvent avec un peu de tout). Chaque joueur doit alors choisir deux actions de sa main et les placer face visible devant lui pour constituer son portefeuille d’actions. C’est le portefeuille d’actions de chaque joueur qui va déterminer qui est majoritaire sur quelle compagnie.
Prenons un exemple : je me retrouve avec 2 actions noires, 2 vertes, 1 rouge, 1 bleue, 1 grise et 1 blanche. Je décide de placer face visible 1 action noire et 1 verte. La révélation des cartes se fait simultanément et je constate que personne n’a joué ces couleurs. À ce moment-là de la partie, je suis donc majoritaire en noir (et en vert), et c’est moi qui toucherai le maximum des bénéfices lorsque surviendra l’évaluation.
Nous volons actuellement à une altitude de 10 000 pieds
La partie commence après cette phase de préparation. À son tour de jeu, un joueur peut faire UNE de ces quatre actions possibles :
- étendre le réseau d’une compagnie en dépensant de l’argent
- poser des actions de sa main vers son portefeuille et prendre 2 millions par action ainsi posée
- prendre des actions Abacus
- passer son tour pour prendre 8 millions.
Pour étendre le réseau d’une compagnie, il suffit de poser un avion sur une liaison aérienne disponible. Selon la longueur de la liaison et son encombrement, le prix varie. Si vous êtes le premier à faire la liaison Berlin-Vienne, vous ne paierez que 3 millions. Si vous êtes le deuxième, ce sera 4 millions, et ensuite ce sera carrément impossible…
Vous ne pouvez pas non plus placer des avions n’importe où. Un avion ne peut être posé que sur une liaison reliée à un aéroport d’attache de sa compagnie. Par exemple, tous les avions noirs doivent partir de Berlin. Si vous voulez faire un Vienne-Frankfurt avec un avion noir, il faudra d’abord faire un Berlin-Vienne. C’est ainsi que petit à petit, les compagnies s’étendent au-dessus de l’Europe.
L’effet direct de cet investissement est de faire grimper la valeur de l’action concernée. Poser un avion permet également de prendre une carte action dans la pioche, ou parmi les 5 cartes visibles.
Poser des actions de sa main vers son portefeuille permet d’une part de prendre de l’argent, mais aussi d’étoffer son portefeuille pour être en lice lorsque surviendra l’évaluation. En effet, lors d’une évaluation, les majorités seront déterminées à partir de ce qui a été posé devant vous, pas ce de que vous avez en main. Il est donc important d’étoffer son portefeuille régulièrement.
On peut soit poser deux actions de couleur différentes, soit un nombre indéfini de cartes de la même couleur.
Rekka, qui est un rusé, décide de ne pas poser d’avion au premier tour : sous mes yeux ébahis, il abat deux cartes d’actions noires devant lui. Il passe donc majoritaire en noir, ce qui me fait penser que j’ai travaillé pour le roi de Prusse en dépensant MES 3 millions pour valoriser une compagnie sur laquelle il est maintenant majoritaire.
Prendre des actions Abacus est une manoeuvre un peu spéciale : on défausse des cartes de sa main et on prend une ou deux cartes Abacus en échange. Abacus est une compagnie aérienne non représentée sur le plateau, mais qui a une valeur fixe (considérez cela comme de l’or) : à la première évaluation, le joueur majoritaire en Abacus marquera 4 points ; à la seconde, 8, et à la troisième, 16.
Voyant que la compétition monte dans les tours, Medjes échange trois actions de sa main (sans doute des cartes noires) contre deux cartes Abacus. Une fois placées dans son portefeuille, ces cartes pourront lui rapporter jusqu’à 28 points si personne ne vient lui contester la majorité pendant la partie.
Enfin, passer son tour permet de se renflouer en prenant 8 millions à la banque.
Notre avion est arrêté en plein ciel : merci de ne pas tenter d’ouvrir les portes
Les tours s’enchaînent ainsi jusqu’à ce qu’un joueur pioche la première carte évaluation. Le jeu est alors mis en pause.
Pour chaque compagnie, on va regarder qui est majoritaire et lui attribuer les points associés à la valeur de la compagnie pour laquelle il est majoritaire. Les joueurs qui ne sont pas majoritaires mais ont quand même des actions dans cette compagnie recevront quelques points en compensation, mais moins que le joueur majoritaire. Les points de victoire reçus ne servent pas de monnaie : ils mesurent votre richesse et détermineront le vainqueur, mais vous ne pouvez pas les réinvestir. Il faut bien distinguer les « millions » qui vous servent à investir et les « points » qui ne servent que pour la victoire finale.
Naturellement, plus le cours d’une compagnie est élevé, plus elle vous rapportera de points : si une compagnie atteint sa valeur maximale, le joueur majoritaire marquera 16 points, le deuxième 8, le troisième 4, le quatrième 2 et le cinquième 1 point…
Une stratégie viable peut donc être de manger à tous les râteliers : vous ne serez majoritaire nulle part, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières… il est parfois plus rentable d’être minoritaire partout que majoritaire sur deux ou trois compagnies. Attention, c’est une stratégie assez longue à mettre en place car vous devrez poser beaucoup d’actions. Et le seul moyen d’en récupérer plus que vos huit de départ est de poser des avions sur le plateau.
Il y a trois évaluations dans le jeu, et il est impossible de savoir exactement quand elles vont arriver. On sait simplement qu’il y en a une dans le premier tiers du paquet, une au milieu et une sur la fin. Mais il est fréquent de se faire surprendre par une évaluation qui sort avant que vous ayez eu le temps de poser vos cartes dans votre portefeuille. Et se faire piquer une majorité juste avant une évaluation est horriblement vexant !
Vous êtes arrivé à Paris Charles de Gaulle, la température extérieure est de 15°C
La partie s’arrête immédiatement après la troisième évaluation. On attribue une dernière fois les majorités, les points de victoire, et le plus riche (en points) l’emporte.
La richesse d’Airlines Europe réside dans les mutliples approches que vous avez pour l’emporter. Vous pouvez tenter de mettre tous vos sous dans une compagnie donnée, sur laquelle vous êtes sûr d’être majoritaire – mais dans ce cas il est plus que probable que personne ne viendra vous aider à développer cette compagnie. Vous pouvez donc la jouer fourbe en laissant un adversaire développer une compagnie et lui piquer la majorité au dernier moment – toute la difficulté est de le faire avant l’évaluation. Enfin, vous pouvez aussi faire des alliances de circonstance pour aider un adversaire à développer une compagnie, et lui repasser devant au dernier moment. Encore plus sournois : vous pouvez spammer le plateau d’avions pour faire en sorte que vos adversaires paient toutes leurs liaisons au prix fort… quitte à bloquer complètement l’évolution d’une compagnie ! Attention cependant, une liaison chèrement payée signifie aussi que la compagnie aura plus de valeur en bourse…
On retrouve donc dans Airlines Europe des mécanismes que j’appréciais déjà dans Imperial, dans un format plus simple, moins prise de tête, le tout avec un matériel de qualité (c’est toujours un plaisir de voir le plateau plein de petits avions en fin de partie). Attention toutefois de ne pas se tromper de public : Airlines Europe n’est pas un Aventuriers du Rail, du même auteur ; il s’adresse à un public plus expérimenté.
1 commentaire