Beaucoup aiment se convaincre que la qualité d’un jeu se juge sur le fond, que la forme n’est qu’accessoire et qu’un jeu peut être beau ou moche, peu importe tant qu’il est bon. Pourtant, ceux qui veulent parler de Kanagawa commencent généralement par décrire à quel point son matériel est magnifique… Je ne ferai pas exception.

kanagawa matériel

Il faut dire que Kanagawa se propose de vous mettre dans la peau d’un disciple de Hokusai, maître de l’estampe japonaise. Avec son plateau de jeu en bambou, ces cartes finement illustrées et ses élégants pions « pinceaux » en bois le contrat est parfaitement rempli et on plonge directement dans l’ambiance. Et l’aspect ludique est tout à fait à la hauteur de l’ambition esthétique.

Sur la première ligne du plateau sont disposées autant de cartes que de joueurs, côté face ou côté dos selon les consignes figurant sur le plateau lui même. Chaque joueur peut alors à son tour récupérer la carte d’une colonne ou attendre le tour suivant, qui verra une nouvelle ligne se remplir. Au premier tour les colonnes ne comportent donc qu’une carte, au second une carte supplémentaires… Il faut donc choisir entre obtenir la carte que l’on veut en récupérant sa colonne dès que possible, ou attendre pour récupérer plus de cartes; avec le risque que la colonne contenant la carte la plus intéressante soit déjà partie.

Chaque joueur dispose au départ de deux pinceaux et d’une tuile comportant dans sa partie haute le début de son estampe, et dans sa partie basse le début de son atelier. De la même manière chaque carte contient deux côtés: d’une part un côté « Estampe » pouvant comportant un motif d’animal, de personnage, de montagne ou d’arbre et le symbole d’une saison, et d’autre part un côté « Atelier » comportant les types de motifs et divers modificateurs.

Lorsqu’il récupère des cartes, le joueur peut utiliser chacune de deux manières: il peut ajouter le côté « Atelier » à la partie « Atelier » de sa tuile, ce qui lui permet de positionner l’un de ses pinceaux sur le motif qui y figure (par exemple un motif de montagne) et de bénéficier du modificateur (par exemple un pinceau supplémentaire). L’autre possibilité est d’ajouter pluôt le côté « estampe » à la partie « estampe » de sa tuile. Mais il ne peut faire ceci que si le motif de la partie « estampe » correspond au motif sur lequel est positionné l’un des pinceaux de la partie « atelier ». Ainsi, si une carte pourra toujours rejoindre l’atelier, il faudra gérer ce dernier de manière à être capable de remplir son estampe de nouvelles cartes; les mouvements des pinceaux dans l’atelier sont limités…

La partie se termine lorsque l’estampe d’un joueur atteint 12 cartes. Les points de victoires (d' »Harmonie ») sont marqués en fonction de la taille de l’estampe, de la taille de la plus grande série d’illustrations de la même saison dans l’estampe, de certaines cartes dans l’atelier, et enfin en fonction d’objectifs, les tuiles « Diplôme ».

Les tuiles « Diplôme » sont des objectifs sur les motifs regroupés par deux ou trois au sein d’enseignements. Par exemple l’enseignement relatif aux arbres propose trois diplômes: à 3, 4 ou 5 arbres. Lorsqu’un joueur atteint le premier diplôme d’un enseignement (3 arbres dans son estampe par exemple), il a la possibilité d’obtenir ce diplôme et les points de victoire associés, mais doit de renoncer aux autres diplômes de cet enseignement (4 et 5 arbres), plus difficiles à atteindre mais plus lucratifs en points d’Harmonie. Si il refuse ce diplôme, les autres lui sont ouverts; mais il ne pourra plus réclamer le diplôme qu’il a refusé.

Kanagawa propose en une quarantaine de minutes un jeu familial, agréable à 2 comme à 4 joueurs, avec une finesse et une subtilité de jeu qu’on découvre au fil des parties. Tel un disciple peintre qui progresse à chaque estampe…

 

Le placement d’ouvrier. Un terme mécanique, calculateur, froid, qui collait parfaitement à ce que je ressentais en jouant aux jeux se réclamant de ce style. Alors quand des amis m’ont proposé d’essayer Les voyages de Marco Polo, le nouveau jeu des créateurs de Tzolk’in, le calendrier Maya (un classique du genre), autant dire que je n’étais pas franchement emballé. Et finalement, j’ai été très agréablement surpris.Lire la suite de