Hé ho! Hé ho! On a saboté le boulot

Saboteur c’est l’histoire de nains qui vont à la mine.
Comme la blague que l’on me faisait en CP/CE1 : trois nains vont à la mine. Le premier prend une lanterne, le second prend une pioche. Que prend le dernier ? La tête.
Sur cette amorce bien malheureuse, reposant sur un comique de répétition aussi éculé que bien mal échafaudé, j’essaie de véhiculer un message simple : Non, Saboteur est loin de n’être qu’un simple « petit jeu d’apéro » rapidement relégué au statut de « petit jeu pas prise de tête » : Saboteur est bien plus que cela.

Du statut de chef d’œuvre intemporel accordé à Saboteur

(sans extension, cela va de soi)

Pourtant tout commence mal : une petite boîte métallique renfermant quelques cartes, des règles simples et compréhensibles, même par les plus jeunes ou les moins sobres. Dans les bottes de nains chercheurs d’or, on agence des cartes pour creuser tant bien que mal une galerie labyrinthique qui nous conduira jusqu’à l’extraction du précieux minerai dissimulé derrière l’une des trois cartes de fin.

Cependant, comme rien n’est jamais simple, parmi ces nains se dissimulent des individus bien mal avisés : les saboteurs. Comme leur dénomination l’indique parfaitement, ces joyeux barbus se complaisent dans fourberies et crasses : destructions d’équipement, dévoiements et éboulements : tout est bon pour ralentir la progression des chercheurs vers le gisement aurifère.
Le rôle de chacun étant bien entendu dissimulé tout au long de la manche, on se retrouve face à un jeu d’affrontement coopératif reposant largement sur une mécanique de bluff, où les perturbateurs les plus sournois entretiennent le malaise pour laisser peser un climat de méfiance sur la table de jeu.

Le nain étant, comme chacun le sait, une créature avide, la condition de victoire sera d’accumuler la plus grande richesse au court de manches, d’être le roi de la caillasse, le nain qui pèse et par conséquent le nain qui pète le swag.
LA subtilité du jeu de base se dissimule dans un détail : les modalités de partage des récompenses en cas de victoire des chercheurs. Le nain découvrant la pépite empoche une récompense largement plus importante que ses compères retardataires. Le sympathique petit jeu de coopération en eaux troubles se mue brutalement en une formidable course en avant effrénée. L’individualité étant largement favorisée, chaque chercheur est contraint de coopérer tout en entretenant un climat de méfiance vis-à-vis de chaque participant. Les coups bas pleuvent, les saboteurs sèment la confusion, on soupçonne à tort ses coéquipiers, on mésestime leur potentiel de saloperie lors de la dernière ligne droite vers la pépite et on n’hésite pas leur marcher sur le visage si c’est pour atteindre le précieux avant tout le monde. On s’écharpe, on s’invective, on ment, on se dispute et on se lance des noms d’oiseaux dans la joie et la bonne humeur, et le chaos absolu.

Saboteur est un jeu qui te montre son ton plus mauvais jour : manipulateur, calculateur, opportuniste, sournois et mauvais perdant. C’est le genre de « petit jeu pas prise de tête » que tu extraies de ta ludothèque, avec un sourire sadique, pendant que ta femme te dévisage en te faisant comprendre combien elle te déteste parfois.

Saboteur c’est le troisième nain : il te prend la tête, mais dans le bon sens du terme.

 

2 commentaires

  1. (sans extension, cela va de soi)

    Je suis bien d’accord avec toi sur ce point, je trouve que l’extension brise complétement l’équilibre du jeu en ajoutant des rôles qui n’ont aucun intérêt… J’aime bien l’idée des équipes de nains bleus/verts mais au final si elles se tirent trop dans les pattes, ça aide beaucoup trop les saboteurs.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *