Noé contre Babel

Comment ai-je pu en arriver là ?
Qu’est-ce qui a fait que ma vie a basculé ce jour là ?
Sans le savoir, notre bon (vieux) Wobak allait me faire retrouver l’inspiration perdue et me permettre de garnir cette édition 2017 du calendrier avec une petite prose de mon cru.

Quand on fait une IRL avec des canards, il arrive parfois qu’ils rameutent leurs canetons.

Quand on est un palmipède de bonne composition en pleine sortie jeux de société, qu’on déglutit tranquillement un délicieux liquide ambré dans une ambiance goguenarde, on propose innocemment au parent de récupérer une belle boîte, à même de fédérer têtes blondes et vieux briscards.

Bien sûr, étant plutôt porté sur les jeux velus et cubenbois, mes connaissances en la matière avoisinent le néant, alors je délègue.

C’est là que Rhino Hero: Super Battle a débarqué dans nos vies mornes et tristes jusqu’alors.

 

À peine le jeu déblisté, le papa s’excuse et emmène la marmaille dépenser une poignée d’euros au circuit de voitures électriques, nous laissant en plan comme trois buses.
On échange quelques regards désemparés, jusqu’à ce que l’un d’entre nous lance un timide « Ben… maintenant qu’il est déballé, on pourrait peut-être l’essayer ? ».

Rhino Hero est grosso modo un approfondissement du concept du château de cartes.
Un concept simplissime, néanmoins porté par quelques mécaniques de jeux pour cadrer le tout, jugez plutôt :

Les 4 joueurs incarnant chacun un Super-Animal et enchaînent chacun leur tour en deux phases.
Premièrement la phase de construction : on pose des murs élancés ou courts désignés par les pictogrammes représentés sur le plancher, avant de coiffer les porteurs avec ce radier cartonné.
De temps à autres, de fourbes Spider-monkeys viennent s’agripper à l’élément, modifiant temporairement l’équilibre, parfois précaire, de la structure.
La seconde phase, consacrée à l’ascension, permet en 2 lancés de dés de grimper les étages et éventuellement de se bastonner avec les autres représentants du zoo masqué.

Super intuitif et simple à appréhender, on retrouve rapidement la tension d’un château de cartes quand la moindre maladresse ou aléa climatique (un courant d’air ou un séisme de table mal calée) menace la pérennité de la structure que l’on cherchera à rendre toujours plus élancée.

Rhino Hero parvient à rendre encore plus ludique cette construction avec ce mode mode mi-coopératif / mi-compétitif, en obligeant le joueur à poser ses gros doigts boudinés beaucoup trop souvent en dépit de la grande précarité de l’équilibre de l’ensemble.

On pourrait même considérer le jeu relativement pédagogique, inculquant aux plus jeunes d’entre nous les notions de répartition de la charge, d’alignement des porteurs, de portées et de flèches.

Après un essai lamentablement infructueux (les ravages de l’alcool), nous sommes parvenus à battre, non sans fierté, le nombre d’étages fièrement affiché dans les règles. Prends ça jeu stupide.
Puis on a tout pété. Parce qu’il ne faut pas déconner, le plaisir réside parfois aussi dans l’accomplissement d’une basse pulsion destructrice.

En tout cas, pour une première incursion dans le monde dans le monde du jeu pour enfant, Rhino Hero aura été une bonne pioche.

Simple mais pas simpliste, il saura sans doute amuser les plus grands qui n’hésiteront pas à en déposséder les plus petits, la dure loi de la jungle de béton héroïque en somme.

Même s’il pourra idéalement garnir le pied d’un conifère déplumé, j’émets tout de même une petite réserve sur le prix, qui me semble un poil trop élevé. À une vingtaine de brouzoufs en revanche, la bestiole masquée me semble tout de suite plus séduisante.

 

Je tenais tout particulièrement à remercier les protagonistes de l’histoire : Wobak, mickakun et Theooo pour cette découverte ainsi que le mélange de concentration et dextérité dont ils ont su faire preuve.

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